Emmanuel Macron dit vouloir changer l’Europe, et force est de constater qu’il le fait réellement… en bafouant par exemple sur le plan environnemental le principe de précaution (recul sur les perturbateurs endocriniens) ou encore en revoyant selon le spectre libéral la gestion des réfugiés sur le plan des droits humains. Des actes à mille lieues de ses discours, qualibrés et markettés pour plaire au plus grand nombre et flatter la devise de la France… dans les mots, mais jamais dans les faits.
Le 2 juillet dernier les ministres de l’intérieur français, italien et allemands ainsi que le commissaire européen aux migrations se sont réunis pour travailler sur la question des migrations. Sensée être un temps de travail dévolu à aider l’Italie, devenue le principal point d’entrée en Europe via la Méditerranée, cette réunion de travail s’est soldée par une toute autre orientation, immédiatement dénoncée par l’ensemble des ONG du secteur.
Sous prétexte de renforcer la stratégie européenne, les ministres de l’intérieur ont proposé et acté un plan de fermeture des frontières non assumé qui s’opposent à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, qui stipule que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien » (article 13.2). Leur accord repose sur 2 points majeurs : renforcer les retours imposés dans les pays d’origine et renforcer l’externalisation de la gestion des arrivées. Mais que veulent dire ces deux expressions ?
Concrètement, les retours imposés ne sont que des mesures coûteuses et d’apparat : l’immense majorité des personnes refoulées reviennent en Europe. Quand il s’agit de fuir la famine, la guerre ou un régime oppresseur, rien ne saurait arrêter ces départs de survie et c’est là le sens de l’extrait de la déclaration universelle des droits de l’homme précité. À l’inverse, les retours choisis sont durables et fructueux. Pour en finir avec la tromperie des chiffres, le gouvernement se doit de travailler sur des mesures d’accompagnement au retour au pays, seules capables de faire cesser les retours permanente et stabiliser les pays d’origine. Un travail de long terme, peu payant en termes de communication, mais seul capable de changer la donne.
Concrètement, l’externalisation consiste à donner plus de moyens financiers à la Libye, à renforcer les contrôles en amont en promettant une aide aux gardes-côtes libyens. Une politique de l’autruche sans fondement tant les routes empruntées par les réfugiés évoluent rapidement pour faire face aux blocages. Un moyen de fuir nos responsabilités indigne de la France, de ses engagements internationaux et oublieux de notre propre histoire.
En 2015, les pays de l’Union européenne s’étaient mis d’accord pour un renforcement de la solidarité : 30 000 personnes devaient être relocalisés en dehors de l’Italie pour la soulager. Des objectifs bafoués, particulièrement par la France, puisque 7 000 personnes seulement ont été prises en charge. Par ailleurs, plus de 2000 personnes sont mortes en Méditérrannée depuis le mois de janvier : avec l’été , 2017 battra vraisemblablement le triste record de 2016 et ses 5000 décès.

Pire encore, en voulant mettre en place un Code de bonne conduite des ONG, les ministres de l’intérieur muselent leur action, les utilisent comme bouc-émissaire et leur font payer l’absence de réponse européenne à la crise humanitaire en Méditerranée. L’indignation des réseaux humainaires qui oeuvrent d’arrache pied, sur le terrain, à pallier les renoncements et inaction des politiques est réelle et nous ne pouvons qu’en être solidaire.
Les frontières de l’UE sont désormais les plus meurtrières de la planète : chaque année, près de 3 migrants sur 100 périssent en Méditerranée. Nos États doivent mettre sur pied une flotte de sauvetage européenne commune et ouvrir des voies d’accès légales et sûres pour les réfugiés. Le blocage par les États-membres de la réforme urgente du système de Dublin est inacceptable. C’est la demande portée par les écologistes français et européens. Il est temps de cesser la politique de la poudre aux yeux et d’assumer enfin de véritables politiques.