Ghosn : inégalités sociales et environnementales, mêmes ennemis

Ghosn est un des plus grands représentants de ce monde des ultra-riches, défini par son entre-soi communautariste (Pinçon-Charlot, Talpin), des capitalisations de fortunes aussi importantes que des budgets de régions ou d’états et des méthodes de défiscalisation, légales ou illégales, qui privent le collectif.

Quand on est écologiste, Ghosn est surtout le représentant de cette industrie automobile qui bafoue l’environnement et trompe les consommateur-es. Les véhicules produits par les firmes qu’il dirige cachent depuis des années leurs émissions polluantes grâce à des accords, illégaux, de secteur (diesel Gate) . Aujourd’hui, ces véhicules polluent 40% de plus qu’annoncé, ce qui représente un manque à gagner moyen de 400€ par an et par véhicule pour les consommateur-es. Certains pays ont agi contre les constructeurs, leur demandant de corriger leurs moteurs. La France laisse faire, pénalisant par son inaction à la fois le climat (131 morts prématurées par jour en France du fait des pollutions aux particules fines) et les consommateur-es (qui payent 400€ de plus que les autres pays européens).

Ghosn coûte donc aux français-es puisqu’il ne verse que peu d’impôts, à titre personnel comme via sa firme, parce que les coûts en pollution générés par ses véhicules sont colossaux (le Sénat estime le coût de la pollution à 100 milliards par an en France) et parce qu’il coûte aux français-es en les contraignant à dépenser plus que de nécessaire lorsqu’ils et elles achètent ses véhicules

Les grandes fortunes sont aussi les plus grands pollueurs. Les 10% les plus riches génèrent, par leurs modes de vie, 50% de la pollution mondiale (alors que les 50% les plus pauvres n’en génèrent que 10%). Les écologistes dénoncent depuis longtemps les rémunérations exorbitantes des très grands patrons, leurs parachutes dorés et le système fiscal opaque qu’ils et elles entretiennent pour la gestion de leurs fortunes.  Cette affaire en est une illustration : lutte pour la survie de la planète et lutte pour l’égalité vont toujours de pair.

Le gouvernement, dans une logique de protection des grandes fortunes, demande une direction de transition pour remplacer Ghosn (soutien de Macron) mais persiste à dire, par la voix de Bruno LeMaire, que tant qu’il n’aura pas les preuves de la culpabilité de Ghosn, il ne le considèrera pas comme coupable. Si ce raisonnement est juridiquement juste (présomption d’innocence), il est éthiquement réprouvable : les petits délits sont condamnés avec rudesse mais dès qu’ils concernent des puissants, la faute n’est prise en compte que si le gouvernement y est acculé. Prison pour les Gilets Jaunes ou la famille Traore, tolérance pour les puissants : une logique qui ne peut que mettre le feu aux poudres d’une société.

L’Etat est actionnaire de Renaud et a donc une responsabilité dans les événements qui émergent. La fraude fiscale est un crime à l’égard du collectif et le traitement de cette affaire démontre que, selon que vous soyez puissant-es ou misérable-es, le traitement fiscal n’est pas le même. Quand une personnalité est accusée, il est du devoir des politiques de demander sa mise en retrait, temporaire, le temps de faire toute la lumière sur l’affaire. Ça n’a été le cas ni pour les ministres accusés de harcèlement ou violences sexuelles, ni pour les affaires financières, même quand l’Etat est actionnaire, comme c’est le cas avec Renaud. Sans tomber dans un populisme facile qui consisterait à considérer que « tous les riches sont les mêmes » , il n’est pas possible de ne pas constater qu’une solidarité de classe dominante s’exprime encore une fois au sommet de l’état et sonne encore une fois comme une insulte au reste de la population.

Pendant ce temps, la planète s’embrase, littéralement, et les moins favorisé-es sont aussi les plus touché-es. Mais le gouvernement ne roule que pour celles qui lui ressemblent, au détriment du collectif, en attendant désespérément, comme l’illustre bien l’appel de Macron aux exilés fiscaux en Belgique à revenir en France maintenant que la situation leur est favorable, un ruissellement qui n’adviendra jamais.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *