Les 6 et 8 mars, pour nos droits, pour leurs droits

Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. Cette année deux cortèges défileront dans Paris, un le dimanche 6 mars et un le mardi 8 mars, pour rappeler que le respect des droits des femmes, l’égalité et l’équité ne sont toujours pas une réalité. Le cortège du 6 mars, organisé par le Collectif « 8 mars pour tous-tes », partira de Belleville à 14h, l’autre, plus « officiel », organisé par le Collectif National pour les Droits des Femmes (CNDF), circulera le 8 mars au soir et partira de la fontaine des Innocents, au centre de Paris.

D’un côté le cortège des organisations féministes les plus reconnues, celles dont ma culture est issue, celles aux côtés desquelles nombre de politiques et de personnalités défileront dans les plus beaux quartiers de Paris. Et de l’autre, à Belleville, toustes les autres, celles et ceux dont je ne suis pas. Celles et ceux, pourtant, aux côtés desquel-les je défilerai.

Je suis féministe. Je suis écologiste. Je suis européenne. Mais je suis aussi et surtout militante. Et plus précisément militante politique.  Et cet engagement se fonde sur une logique : j’ai eu de la chance, en naissant, et tout le monde n’en a pas autant. Pas parce que je suis « bien née » (ce serait vraiment exagéré), mais parce que je suis née en France. J’y ai le droit de m’exprimer et, plus globalement, j’y ai des droits. Dont celui de pouvoir m’exprimer pour ce et celleux qui ne le peuvent. Pas à leur place, mais avec elles et eux. Et parce que je n’ai pas de capacités particulières, parce que je n’ai pas de moyens particuliers, parce que je suis juste moi, j’ai trouvé plus judicieux de mettre cette envie au service d’un collectif. Un collectif dans lequel d’autres, bien mieux que moi, peuvent soutenir des causes, des initiatives, des actions ou des réflexions. Un collectif dans lequel j’ai la prétention de croire que je peux encore poser des graines, celles du vivre et du faire ensemble. Un collectif dans lequel j’ai la prétention de croire que je peux aider des gens qui, demain, seront des ressources pour toutes et tous, juste parce que je crois qu’il est bien plus enrichissant d’être une passeuse, de transmettre, que de capitaliser sur sa personne. Et ce collectif, en ce moment, c’est principalement un parti, celui pour lequel je suis responsable de la section parisienne : EELV. Et demain ? Demain, je ne sais pas. Pas encore.

Des droits, et donc des devoirs. Parce que quand un collectif délègue une parole, c’est avant tout un devoir. La majeure partie du temps, il se « borne » à permettre à tout un tas d’individualités, de personnalités et de sensibilités, de travailler ensemble, dans le même sens, pour une cause commune. La majeure partie du temps, il se « borne » à aider celles et ceux qui ont envie à faire. Parfois, souvent, ce devoir impose également de faire des choix. Parfois personnels, parfois collectifs.

Pour ce 8 mars, mon devoir de militante, mon devoir de politique, est le même que tout au long de l’année : il est d’être du côté des plus faibles, des sans voix, de celles et ceux à qui on ne laisse pas la possibilité d’en avoir une. Pour ce 8 mars, ma culture, et mon parti, me demandent, d’un point de vue institutionnel, d’être au rassemblement de Châtelet. Et j’y serai. Au milieu de copines, au milieu de copains. Au milieu de camarades et d’un tas de gens que je ne connais pas forcément mais qui ont de grandes chances de beaucoup me ressembler. J’y serai avec plaisir et fierté, comme toujours.

Mais, ce 6 mars, mon engagement me pousse aussi, et surtout, à être à Belleville, au cœur du « 8 mars pour tous-tes », ce cortège qui appelle à manifester pour « La journée internationale des luttes des femmes et des minorités de genre ». Ce 6 mars, ma place est aux côtés des prostitué-es que l’on laisse rarement s’exprimer. Ce 6 mars, ma place est au côté des femmes voilées, et plus globalement de toutes celles qui ont choisi une religion et à qui on demande de moins le montrer. Ce 6 mars, ma place est au côté des « noires », des « basanées », et plus globalement de toutes celles et ceux qui portent sur leur visage et leur peau une « différence ». Ce 6 mars, ma place est au côté des trans, des non binaires et autres minorités de genre, des bi, des lesbiennes, des gays et autres minorités sexuelles et, plus généralement, de toutes celles et de tous ceux dont les choix ou les modes de vie sont encore sujets à violences, physiques ou symboliques. Ce 6 mars, ma place est à leur côté, pour dire avec, mais pas à la place de ; au côté de toustes ces femmes dont je ne partage pas forcément les choix, mais à qui je n’ai pas à dire ce qui serait « bien pour elles », que je n’ai pas à juger et vice-versa. Ce 6 mars, plus que jamais dans une France qui se referme sur ce qu’elle croit être elle-même, ma place de militante, de femme engagée, est dans cette manifestation pour la journée internationale de lutte des femmes et des minorités de genres, pour rappeler que le féminisme est et doit être non-excluant et prendre vraiment en compte toutes les femmes sans critères et sans penser à devoir rentrer « dans un moule ». Parce que je peux.

Coup de bol pour les gens comme moi, cette année, il n’y aura pas besoin de choisir : ces défilés se feront à deux dates différentes. J’espère que nous serons beaucoup, que nous serons nombreuses et nombreux, dans chacun de ces rassemblements. Je n’ai aucun doute sur le fait que la foule sera importante le 8. Les medias seront là, aussi, et c’est une bonne chose. Mais tant que les revendications du 6 seront moins faciles à porter, tant que les revendications du 6 seront sujettes à polémiques et au rejet, il me semblera important d’inciter à y être, nombreuses et nombreux. Parce que nous le pouvons.

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