Pourquoi Macron est une imposture et autres histoires de trahisons de la gauche

2017 n’a rien de commun avec 2012. En votant pour le PS au 2e tour en 2012, nous étions des millions à prendre sur nous : pour la façon dont la machine PS musèle les autres voix dans les exécutifs, pour la façon dont son hégémonie a longtemps limité le débat public, pour ses renoncements fréquents à créer une société de l’équité.
Mais face à la réalité, face au risque d’une majorité sarkozyste renouvelée, les écologistes décidaient alors de prendre une position dite réaliste et de faire ce qu’on leur demandait : faire passer le réalisme stratégique avant les idéaux militants. Malgré nos réticences, nous actions donc un accord avec l’appareil du PS. Un accord censé permettre de mettre en place une majorité qui ne soit pas que rose (pâle) et de porter le discours et les valeurs de l’écologie partout, à l’assemblée, au sénat et même au gouvernement.

En 2012, nous prenions le risque de gagner mollement en soutenant le seul candidat issu des rangs de la gauche encore en lice, en nourrissant nos espoirs sur la table du discours du Bourget, et avec un accord législatif pour des circonscriptions « réservées ». 5 ans après, que reste-t-il de nos espoirs ? A peu près rien. Et comme les amours lasses, notre confiance est en berne.

Car c’est là le grand hold up de Hollande, Valls, Macron et consorts : avoir détruit les miettes d’espoir qui subsistaient, à grands coups de politiques austéritaires, sécuritaires, tournant le dos aux discours et aux valeurs portés par celles et ceux qui les avaient élus. Comment, après eux, raconter que le PS peut, veut faire de la société un espace où chacune, chacun, ait sa place et vive mieux ? Comment, après eux, penser l’espoir dans une gauche que leur trahison aura achevé de désunir et d’opposer ? Comment, après eux, penser que des socialistes puissent changer le système et pas le climat ?

Sur ces cendres s’est développé le candidat du gouvernement : Macron. Auréolé de son sourire, libéral dans les mœurs, son absence de programme économique le rend soudainement tout-compatible. Lassés des défaites programmées, terrifiés par la montée du FN, nombreux sont celles et ceux que l’on voit le rallier, pensant pouvoir essayer de « porter nos idées dans son programme plutôt qu’elles ne disparaissent à jamais de l’équation politique ». Et vu le contexte, qui peut les en blâmer ?

Pour autant, cette décision de pie qui fonce sur ce qui brille est aussi une solution d’autruche qui oublie, dans son désespoir, une partie de l’iceberg, celle qui reste sous le niveau de la mer. Soutenir Macron aujourd’hui, c’est soutenir l’échec et la trahison de Hollande, Valls et tous leurs camarades, la trahison écologiste et sociale. C’est aussi entériner et sceller l’échec d’une politique de gauche et écologiste, son histoire et ses espoirs.

Sur fond de marasme, Hamon l’apparatchik a déjoué tous les pronostics et gagné la primaire du PS sur une ligne écologiste. Depuis, silence radio côté transformation et pleins feux sur la réconciliation avec les anciens ennemis, comme si le passage des discours aux actes devenait trop compliqué.

Mais si Hamon n’est pas capable d’être à la hauteur de l’enjeu, de reprendre langue avec son ancien camarade de lutte Mélenchon et les communistes, d’écouter les conseils des écologistes pour changer de modèle de société et rompre avec cette politique et ces politiques qui ont sonné l’échec de la gauche, s’il n’est pas en mesure d’écouter la société civile qui l’a porté vers la victoire … alors il n’y aura plus d’enjeu. Il y aura seulement un second tour où le libéralisme assumé s’opposera au nationalisme revendiqué.

Un tableau probable à ce jour, à en croire les instituts de sondages qui misent sur un duel Macron – Le Pen. Une issue qui verrait la France se limiter à des politiques de court terme et délaisser les réflexions de long terme, celles sur les conséquences de nos actes, les seules capables de protéger la planète et notre futur. Un résultat qui laisserait de côté toute une partie des Français-es et ne mettrait pas la protection de la nature avant la protection des intérêts financiers.

Rejouer 2012 à la sauce 2017 en soutenant  le seul candidat en lice encore comptable du bilan du quinquennat et de la déliquescence des valeurs de la gauche serait pure folie. Pourtant, je vois des contacts, des collègues et des amis céder aux sirènes du désespoir. J’entends leurs discours, leur résignation, leur peur du FN.

Rejouer 2012 avec un PS comme seul allié, incapable de trancher sur sa ligne, cherchant toujours la quadrature du cercle entre libéralisme et valeurs humanistes pour finir par jouer en partie la partition de la droite et du centre ne constitue pas plus une solution pour les écologistes.
Des écologistes qui ont une longue histoire de responsabilité qui fait trop rarement gagner dans les urnes mais qui conserve une ligne et gagne la bataille culturelle. Car nous défendons un projet de société et restons responsables de nos engagements, que nous soyons minoritaires ou majoritaires, que nous soyons seuls ou en union.

La défaite prophétisée par les sondages des Jadot, Hamon, Mélenchon n’est pas écrite. Et même si une victoire n’est pas plus écrite, loin s’en faut, il faut au moins prendre le risque de gagner. Ce risque, aujourd’hui, c’est à ces trois candidats de le prendre. La campagne présidentielle doit répondre aux dynamiques citoyennes à l’œuvre, celles qui se mobilisent autour de nous, de Mélenchon comme de Hamon,  celle des personnes qui font vivre la France, qui animent ses territoires, développent son économie et protègent ses terres.

La recomposition, si elle doit advenir, doit être un vecteur de mise en œuvre de la transition écologique et citoyenne. Elle n’a d’intérêt que si elle devient un rempart positif et constructif aux libéralismes, productivismes et nationalismes. Si tel n’était pas le cas, nous n’aurions pas notre place dans un rassemblement, quel que soit son périmètre.

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